Il a fallu attendre les travaux de l’économiste Elinor Ostrom pour que la notion de bien commun soit réhabilitée et qu’une troisième voie (autre que celle de la privatisation et de l'étatisation, donc) soit envisagée. Elinor Ostrom, qui reçut le prix Nobel pour ses travaux en 2009, ne critique pas les deux modèles précédents mais le fait qu’ils soient les seuls modèles possibles. Préférant une approche inductive et basant ses conclusions sur l’analyse de nombreux exemples de terrain, elle conclut sur le fait qu’il existe des modes de gestion stables et efficaces de biens communs. Ce faisant, elle met en évidence huit conditions pour qu’une gestion efficace des communs soit possible. Sans entrer dans le détail, on peut faire ressortir deux éléments qui semblent primordiaux : – dans un système qui se base sur l’horizontalité des relations de pouvoir et utilise les principes de l’autogestion, la mise en place de structures verticales assurant le respect de l’intérêt général est une nécessité ; – des telles institutions ne peuvent raisonnablement exister dans la durée si elles ne sont pas reconnues et leurs règles de fonctionnement tolérées (voire approuvées) par les autorités extérieures. Adoptant ensuite une vision dynamique, E. Ostrom pointe trois défis que doivent relever ces communautés pour voir le jour et fonctionner de façon pérenne. – Le défi de la mise en place : qu’est-ce qui peut inciter les individus à mettre en place un tel système ? – Le défi de l’engagement : dans quelles conditions le fait de suivre les règles est plus efficace que de les enfreindre ? – Le défi de la surveillance mutuelle : comment le groupe peut-il s’engager à se surveiller ? E. Ostrom conclut que ces communautés se créent plus facilement et qu’elles perdurent lorsque les changements qu’elles supposent se produisent de façon séquentielle et incrémentale.