jeudi 21 mai 2015

Google veut soutenir la presse européenne

Google et les grands éditeurs de presse vont-ils faire la paix pour de bon ? Le géant internet et huit journaux et magazines européens ont trouvé un nouveau terrain d'entente, avec le lancement d'un projet baptisé "Digital News initiative" (Initiative pour le journalisme numérique) et doté d'une enveloppe de 150 millions d'euros. Il doit remplacer le Fonds pour l'innovation numérique de la presse (FINP), créé en 2013 sous l'impulsion de François Hollande et d'Eric Schmidt, le patron de Google. "Je veux faire mieux pour la presse, et je sais que nous pouvons faire mieux pour la presse", a déclaré Carlo d'Asaro Biondo, le patron des partenariats stratégiques du groupe en Europe, au cours d'une conférence organisée par le 'Financial Times'. Le journal britannique fait d'ailleurs partie des signataires de ce projet, tout comme 'The Guardian', l'allemand 'FAZ', l'espagnol 'El Pais', ou encore 'Les Echos'. Google, qui fait l'objet de poursuites de la part de Bruxelles pour abus de position dominante dans les recherches sur Internet, est aussi dans le collimateur des éditeurs de presse depuis de longues années. Ils lui reprochent de leur voler une partie de l'audience sur leurs sites internet, et de désavantager ceux qui mettent en place des contenus payants. Parfois, la réponse est radicale, à l'image de celle de l'Espagne fin 2014 : au nom du droit sur la propriété intellectuelle, le gouvernement demande désormais aux services d'actualité en ligne de payer une redevance aux sites dont ils reproduisent une partie des contenus... Une semaine après le vote de cette loi, le groupe fermait sa plateforme Google News dans le pays. Google explique dans un communiqué de presse que le projet lui permettra, aux côtés des éditeurs, de monter un groupe de travail, afin de dialoguer et d'explorer de nouveaux produits pour doper les revenus, le trafic, mais aussi l'engagement des lecteurs. Le groupe veut aussi soutenir l'innovation dans le journalisme numérique, en créant un fonds dédié - avec à la clef donc une enveloppe de 150 millions d'euros. Enfin, il veut participer à la formation des journalistes et proposera aux rédactions partenaires en Europe de leur envoyer des membres de ses équipes, pour travailler sur les compétences en matière de numérique. Lors de la présentation du projet, Carlo d'Asaro Biondo a expliqué qu'à terme, l'idée était de mettre en avant, dans Google News, les sites d'information affichant une marque forte, mais aussi une expertise, et des contenus à valeur ajoutée. "Mais soyons clairs : nous ne déciderons pas, nous Google, ou n'importe quelle autre industrie. Les consommateurs s'en chargeront". 'Le Financial Times' note que l'initiative ne fait pas l'unanimité puisque de grands noms de la presse, comme le groupe allemand Axel Springer, mais aussi News Corp, le groupe de Rupert Murdoch à la tête de plusieurs titres en Grande-Bretagne, ont refusé de s'associer au projet.