lundi 16 mars 2015

Ils vont taxer l'internet

Dans l’état actuel de la France, taxer, c’est mourir un peu. C’est pourquoi les ministres de notre belle et grande république s’emploient à taxer avec minutie et précaution, sans que ça se voit trop, pour éviter de tuer l’hôte. C’est le cas de Fleur Pellerin, la ministre de l’interweb et des lolcats, et habituée de ces colonnes. Depuis son arrivée au gouvernement, elle veut absolument faire cracher Facebook et Google au bassinet. Elle a peut-être enfin trouvé comment faire… Et comme dans les autres secteurs et pour les mêmes raisons, il faudra faire ça en douceur. L’idée de base est simple : Google et Facebook (ainsi que d’autres entreprises dont le développement est assuré par Internet) sont deux grosses sociétés bien dodues et bien juteuses, dont tout le potentiel fiscal n’a pas été exploité : du point de vue des suceurs de taxe, ces gros animaux sont, en effet, particulièrement appétissants mais, hélas, trop bien protégés et surtout installés suffisamment loin de l’enfer fiscal pour échapper au plus gros de la ponction. À cette situation désagréable d’un festin potentiel difficile à réaliser, il faut ajouter l’ambition habituelle du politicien moyen qui ne désire rien tant qu’accrocher à son palmarès l’une ou l’autre victoire médiatique qu’il pourra revendiquer sur les plateaux télés. Fleur PellerinFaire s’agenouiller de grosses boîtes américaines, leur soustraire quelques centaines de millions (des milliards, peut-être), voilà qui est alléchant tant sur le plan financier que sur le plan médiatique. Pas étonnant, dès lors, que la ministre déléguée en charge de l’innovation fiscale, des réseaux d’affaires et des GIFs animés pousse à la roue d’une taxation générale de ces gros acteurs depuis qu’elle est arrivée en poste. On pourrait presque parler d’un trouble compulsif si sa motivation n’était pas, finalement, tout ce qu’il y a de plus rationnel : choper les grands de l’Internet, c’est tout bon pour elle. Évidemment, les épisodes qui marquèrent l’innovation fiscale de Fleur furent remplis d’embûches : la dernière idée en date, qui consistait à découper internet en petite tranches amusantes et à proposer du forfait en fonction de l’usage, n’a pas reçu un accueil très chaleureux, tant de la part des internautes que de la part des Fournisseurs d’Accès Internet (FAI) qui perdent pas mal de temps à payer des taxes par-ci, des cotisations par là et remplir des Cerfa trucs et muches le reste du temps sans, en plus, s’imposer une nouvelle segmentation de leur marché en proposant des forfaits ridicules « Tout Internet Sauf La Vidéo Pour Seulement 12.33€ HT par mois ! » ou « Youtube Non Stop Mais Sans Google pour 8.99€ TTC, c’est possible » …